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Aliénor Alter Euro: Interview de Arnaud Raimon par P. Maupas.

15 octobre 2015

Aliénor Alter Euro : une expo action qui est passée de 5% à 35% fin septembre !

Source: Club Patrimoine –  08/10/2015 

Qestion: Arnaud Raimon, vous êtes Fondateur, Président et Directeur de la Gestion d’Alienor Capital, pouvez-vous revenir sur  l’histoire de la société et sur votre propre parcours de gérant ?

J’ai créé la marque en 2002 après 15 années en salle de marchés. J’avais alors pour objectif de gérer librement sans être prisonnier d’une classe d’actifs en particulier, ce qui était à l’époque une approche innovante, qui a depuis connu un grand succès.

La gamme d’Alienor Capital est bâtie autour de cette philosophie : tous les fonds (sauf Investcore 2019) sont gérés librement et privilégient une stratégie d’investissement globale, le portefeuille étant ensuite construit en sélectionnant des titres individuels (actions, obligations et produits dérivés).

Au sein de la gamme, les fonds emblématiques de notre approche de gestion sont Alienor Optimal, un fonds flexible 0 -100, et Alienor Alter Euro, un fonds flexible prudent.

Qestion: Précisément, Alienor Alter Euro est un fonds d’allocation flexible patrimonial à dominante obligataire lancé en 2007, pourquoi l’avoir nommé « Alter Euro » ?

Nous pensions à l’époque que ce fonds pourrait être une sorte d’alternative au fonds en euro en essayant de délivrer un rendement aussi régulier que possible, avec une volatilité faible et des baisses (drawdown) limitées.

Qestion: Qui gère Alienor Alter Euro ?

Nous gérons ce fonds à deux, Pierre Béal et moi-même. Pierre a rejoint Alienor Capital en 2008, il pilote la partie taux.

Qestion: Quelles classes d’actifs pouvez-vous utiliser dans Alienor Alter Euro, et quelles sont les plages d’exposition à ces classes d’actifs ?

Le principal moteur de performance du fonds est celui des produits de taux, qui représentent de 60 à 100% de l’actif net. La plage de duration est large, allant de -4 à +8. Les obligations à haut rendement (notées ou pas) peuvent représenter jusqu’à 50% de l’actif net du fonds et jusqu’à 60% de la poche obligataire. Alienor Alter Euro dispose de deux moteurs de performance secondaires : les actions d’une part (sans limite de secteur ou de taille,  la part des émergents étant limitée à 20% de l’actif net à la hausse, et à -10% à la baisse) dont le poids peut varier de -10% à 40% de l’actif net ; et les devises d’autre part, dont le poids ne peut dépasser 30% de l’actif net.

Qestion: Vous avez une certaine latitude pour faire varier votre exposition aux différentes classes d’actifs, l’avez-vous effectivement utilisée depuis le lancement du fonds ? Quels ont par exemple été les extrêmes en matière d’exposition aux actions ? Aux obligations ?

Nous avons été totalement flexibles sur la partie actions (les extrêmes ayant été de  -5% à la baisse et 36% à la hausse), quant à la flexibilité de la duration de la poche obligataire, elle a également été totale : nous avons été à zéro et très près de 8.

Qestion: Le fonds vise à surperformer l’EONIA avec un objectif de volatilité à 4 ans de 3%. A quel type d’investisseur est-il destiné ?

Alienor Alter Euro cherche à délivrer une performance positive avec une volatilité relativement faible sur la durée minimum d’investissement recommandée de 4 ans. C’est donc un fonds adapté pour des investisseurs ayant des objectifs patrimoniaux prudents, car il vise une volatilité et des baisses limitées. Compte tenu de ses plages d’exposition et de la stratégie mise en place, l’espérance de rendement peut aller de 3 à 7% en moyenne annuelle, toujours sur la durée minimum d’investissement recommandée.

Qestion: Comme dans tout fonds flexible, l’allocation d’actifs joue un rôle essentiel. Comment déterminez-vous celle du fonds et comment la pilotez-vous ?

Je n’aime pas le terme d’allocation d’actifs, qui me semble correspondre à des choix consensuels : je préfère parler de « stratégie financière ».

Notre processus de gestion est top down : nous analysons la situation macro-économique, les valorisations, le sentiment de marché des investisseurs et les grands événements.

A partir de ces 4 briques, nous choisissons les actifs pouvant rentrer dans le fonds et mettons en place une stratégie à moyen/long terme (12 à 36 mois). Nous ne nous interdisons pas de changer d’avis, notamment quand nous sommes surpris par un événement. Il existe deux dimensions dans notre approche de gestion : une dimension proactive sur la stratégie (par exemple quand nous avons décidé, sur la base de notre analyse a priori, de ne pas nous exposer aux actions en 2008), et une dimension réactive sur les événements impondérables (par exemple, quand en 2011 nous avons décidé de réduire les positions actions et crédit dans la baisse faute d’avoir anticipé celle-ci).

Cette stratégie financière se décline ensuite en titres (individuels ou dérivés).

Qestion: Alienor Alter Euro a connu une période moyenne entre 2012 et 2014, avec une performance annualisée de 2,81% entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2014 (source Quantalys) Comment s’explique cette performance ?

Alors que la stratégie obligataire avait correctement fonctionné, la partie actions a contribué négativement à la performance, car nous nous sommes livrés à un exercice inhabituel, qui est de « timer » le marché à court terme.

Nous pensions en effet que les marchés allaient être agités en raison des incertitudes de l’époque et avons cherché à en tirer profit. Ayant tiré les leçons de cet épisode, nous avons cessé de faire du market timing à partir de 2014 et avons décidé d’accepter les baisses inévitables à court terme lors d’événements comme la crise grecque, qui ne fut pas à nos yeux un événement de rupture.

Qestion: Fin septembre, l’exposition du fonds aux actions, majoritairement européennes, est passée de 5% à 35%, l’exposition aux obligations décotées étant de 39%. A quelle vision macro-économique une telle allocation correspond-elle ?

Nous sommes positifs sur les actions à court terme pour des raisons plus comportementales que fondamentales. Après la chute du mois d’août que nous nous sommes efforcés d’amortir tant sur les actions que sur les obligations d’entreprises, nous pensons être entrés dans une phase de respiration des marchés qui reprennent un peu de hauteur. Nous avons environ deux mois pour nous prononcer sur une prolongation du cycle haussier des marchés ou sur un retournement plus durable.

Qestion: Comment construisez-vous votre portefeuille d’obligations, dont la sensibilité nette à fin août est de  3,25 ?

Nous pensons que la hausse des taux des emprunts d’état en Europe est terminée. L’épisode d’avril est dû à des prises de position des hedge funds, qui ont d’ailleurs très bien réussi. Le risque est désormais plus du côté des spreads qui pourraient souffrir d’un retournement prononcé à la baisse des marchés et d’un tassement accru de la croissance mondiale.

Pour le moment, qui nous intéresse dans l’obligataire, c’est qu’il regorge de situations spéciales en raison de l’extrême prudence des agences de notation. Ces dernières ont parfois un retard considérable dans le re-rating [ré-évaluation de la notation, ici à la hausse] de certaines sociétés.

Nous nous intéressons également aux émissions obligataires non notées, qui sont bien représentées dans notre portefeuille à fin mai. Nous détenons par exemple des obligations Labeyrie, la fiabilité de son actionnaire Lur Berri n’étant à notre avis pas prise en compte par les investisseurs.

Qestion: Comment avez-vous réagi à la hausse surprise et brutale des taux en avril et à la hausse des spreads en août ?

Nous n’avons pas réagi en avril, 45% du portefeuille obligataire a absorbé la hausse sans dégât, 25% a baissé dans des proportions qui nous ont semblé tout à fait supportables. Et je le répète, nous considérons que la hausse des taux est terminée en Europe. Par contre, en août, nous avons vendu un quart des obligations les plus sensibles aux mouvements de spreads. En cas de scénario modérément baissier, le reste de notre portefeuille devrait se comporter correctement.

Qestion: Quelle est l’originalité d’Alienor Alter Euro en termes de construction de portefeuille dans un univers de fonds prudents où l’offre est pléthorique ?

L’originalité est double. La plus importante tient au degré de liberté et à la réactivité de notre gestion. La seconde tient au triple moteur de performance : le moteur obligataire, peu utilisé par les autres fonds prudents actuellement, le moteur actions et les devises.

Nous faisons un gros travail de recherche et d’analyse sur la partie obligataire : le rendement actuariel est aujourd’hui d’environ 5% pour une qualité de crédit qui nous semble plus que correcte.

Qestion: Pouvez-vous nous fournir la décomposition des frais courants de l’exercice 2014, qui se sont élevés à 1,47% ?

1,2% de frais de gestion, 0,05% de coûts indirects liés à l’achat d’OPCVM, 0,16% de commissions de mouvement  et 0,06% de frais de dépositaire et de valorisateur.

Qestion: Le fonds Alienor Alter Euro est-il aisément accessible pour les professionnels de la gestion de patrimoine et leurs clients ?

Oui, le fonds est très largement référencé par les principales plates-formes.

Qestion: Investissez-vous à titre personnel dans Alienor Alter Euro ?

Oui. J’investis à la fois dans Alienor Optimal et Alienor Alter Euro.


Entretien réalisé le 08 octobre 2015



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